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Municipalité de Cloridorme
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Village de St-Yvon

Village de St-Yvon

Blotti au fond de la baie de Saint-Yvon, le hameau côtier du même nom est situé sur la rive nord de la Gaspésie. À 3 km à l’est de Cloridorme et à 45 km au nord-ouest de Gaspé.

C’est en 1886 qu’un bureau de poste, fermé en 1968, a été ouvert sous le nom de Saint-Yvon qui est à l’origine du toponyme. Selon le témoignage des anciens, cette appellation fut donnée par le premier maître de poste, d’origine française, en souvenir de son lieu de naissance.

L’endroit avait été connu antérieurement sous la dénomination de Pointe-Sèche, qui est d’ailleurs celle de la bande de terre qui s’avance dans le golfe du Saint-Laurent à l’est de la baie de Saint-Yvon. Un rapport d’arpentage de 1869 indique seulement Pointe-Sèche pour ce lieu.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, l’un des événements marquant, hors du commun, de l’histoire locale est l’explosion d’une torpille allemande dans le village de Saint-Yvon qui causa un grand émoi parmi la population du hameau. Lancée, le 8 septembre 1942 par le sous-marin allemand U-517 elle a raté sa cible, le bateau Meadcliffe Hall pour frapper le cap de Saint-Yvon. Récupérée par Rock Côté, elle a été exposée sur place pendant de nombreuses années. En 1987, elle a été cédée au Musée de la Gaspésie, il est possible de l’admirer dans l’exposition permanente «Gaspésie … le grand voyage !».

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Historique de la Torpille de Saint-Yvon
Éphrem Poirier,  Saint-Yvon de Cloridorme

Le 8 septembre 1942, j’avais 4 ans, j’allais rejoindre mon père qui arrivait de la pêche. Quand je suis arrivé au bord de la côte, près du rivage, j’ai été surpris de voir un navire (le Meadcliffe Hall) qui était chargé de bois de pulpe, klaxonnant pour signifier le danger aux villageois et, au même moment, j’ai aperçu, au bout de la pointe, une torpille fendant la vague, d’une vitesse vertigineuse et laissant s’échapper un bruit terrifiant.

Le capitaine du bateau, qui a vu de justesse la torpille, a changé sa trajectoire pour laisser passer celle-ci qui a frappé dans les rochers au Cap Saint-Yvon… quel coup! C’est comme si le ciel m’était tombé sur la tête, je tremblais, je vivais un moment de terreur, cela m’a marqué pour la vie. La panique s’est installée au village, on croyait que c’était la fin du monde.

Plusieurs fenêtres aux maisons du village ont éclaté, une épaisse fumée noire a recouvert le village, des maisons ont bougé sur leur fondation au point de faire tomber les cadres accrochés aux murs à l’intérieur. Les animaux dans les champs étaient en peur, madame Marguerite (Maggie) Côté était en train de traire sa vache, assise sur son petit banc et la vache est partie en peur, renversant la chaudière de lait et madame est tombée en bas de son petit banc. Ce n’était pas drôle.

On recommandait aux gens de baisser les toiles le soir pour éviter toute lumière à l’extérieur. L’armée de réserve avait érigé une barrière et on arrêtait les automobiles pour peinturer une partie des phares de couleur kaki. On craignait l’attaque des sous-marins la nuit.

Les pêcheurs racontaient que, parfois, les sous-marins remontaient en surface et redescendaient, à travers les petites barques. Ces gens-là avaient un courage incroyable, malgré le stress qu’ils ont dû vivre.

Le capitaine du navire et son équipe ont tellement eu peur qu’ils ont subi un traumatisme les obligeant à s’arrêter à Petite-Vallée pour y passer la nuit, croyant qu’il y avait des morts à Saint-Yvon. Heureusement, aucun mort ni blessé. La marée étant basse, cela aidé à éviter la catastrophe.

M. Rock Côté, un résidant de Saint-Yvon, a récupéré la torpille et le moteur en les accrochant avec un grappin et en les remorquant jusqu’au rivage. Plusieurs jours après, les officiers de l’armée, qu’on appelle « les prévots », lui ont tout enlevé, disant que c’était pour expertise. Ils lui ont remis après la guerre.

M. Côté, ayant eu la brillante idée de se construire un petit kiosque, a entreposé la torpille à l’intérieur pour ensuite y placer une enseigne où on pouvait y lire « Ici torpille allemande à visiter ». Ce fut très populaire, les autobus du Canada et des États-Unis s’arrêtaient pour la visiter. Aujourd’hui, cette torpille est au Musée de la Gaspésie à Gaspé.

Merci au journal communautaire « Le Phare » qui, avec cette publication, saura rappeler à notre jeune génération du secteur l’Estran, ce récit que plusieurs n’auront jamais connu. Merci également à l’émission télévisée « La Petite Séduction » (Radio-Canada) qui m’a permis de commémorer cet événement lors de l’émission diffusée le 15 août 2012.

( Texte a paru dans le Journal Le Phare,  Volume 20 numéro 8 – Août 2012 )

Photos Jacques-Noël Minville – Journal Le Phare

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