Je suis demeuré tant d’années, solitaire, dominé par une nature triomphale sans connaître la colonisation. Dans les bras de ma mère péninsule, abreuvé par son sein, j’ai goûté à la béatitude d’un paysage féerique. Devant le golfe Saint-Laurent, perçant les vagues quelquefois déchaînées, mes falaises ont bravé tant d’intempéries.
Émergeant triomphalement des eaux, mais non sans cicatrices, créant ainsi des sculptures abstraites délectant la vue des rêveurs. Et que dire de ces montagnes, impassibles sentinelles, ornementées d’une forêt millénaire gardant jalousement la vie de tant d’espèces. Monts et vallées, rivières, lacs et ruisseaux sont mes joyaux; le chant des oiseaux est ma mélodie, témoignage d’une existence grandie et enfin, le ciel parsemé de milliards d’étoiles est mon reflet. Je suis la chaumière de tant d’espèces, je suis la terre de vos aïeux, je suis l’immuable hommage d’un rêve.
Vous m’avez choisi pour être votre refuge, votre présent et votre futur, j’existe au-delà du temps, ne faisant qu’un avec votre horizon, je me nomme Cloridorme…
Tiré du livre : Cloridorrme raconte de Éric Dufresne
Ajouter un commentaire